On ne tue pas les gens - Alain Defossé
"Je n'ai pas vu une seule chemise bleue, pas une voiture bleue, par un seul uniforme. Personne ne m'a interrogé, ni le lendemain, ni après, ni depuis. Pourtant j'étais au bar ce soir-là. J'ai passé la soirée au bar ce soir-là. Ce soir-là, j'ai été le dernier à quitter le bar et les protagonistes de l'affaire, vivants et morts. Je me suis tu. Cela fait dix ans que je me tais".
"Ce soir-là", Alain Defossé est le témoin d'une soirée qui se conclura par un meurtre. Tout à la fois récit intime, autoportrait impudique et enquête au suspense angoissant, on ne tue pas les gens est un livre puissantn habité par l'urgence à raconter enfin cette inquiétante nuit de juillet 1999.
Editions : Flammarion - ISBN : 9 782981 255852 - Broché 143 pages - Prix 15 euros
Mon avis : Indiangay
J'ai beaucoup aimé ce livre dans lequel Alain Defossé nous relate un crime survenu 10 ans auparavant - par rapport à l'époque ou il écrit ce livre - Un crime dont il n'a pas vraiement été le témoin, puisque celui-ci s'est produit alors qu'il venait de sortir du bar.
Cependant, l'auteur, présent sur les lieux durant toute la soirée met en exergue les éléments qui ont pu y conduire. Au fil de son récit, on sent l'atmosphère s'alourdir, peser comme une menace. Alain Defossé ne sait d'ailleurs pas au juste pourquoi, 10 ans après, il nous raconte ce fait divers : ".... le désir d'écrire, de témoigner, le désir tout court..." et peut être aussi remettre les faits dans son contexte et dénoncer "l'arrangement" qui est fait de ce crime par une célèbre émission de télévision ainsi que les contres-vérités assénées par les médias ?
Bien que ce ne soit que le second livre que je lis de cet auteur, je trouve qu'Alain Defossé excelle dans l'art dans se remémorer des impressions, des émotions, des sentiments. La description qu'il fait de la petite ville de province et de ses habitants, ainsi que des protagonistes de l'histoire, ou se sont déroulés les faits, et ou il a choisi de poser ses valises en quête de "tranquillité, de silence" est empreinte d'une vérité qu'il a su déceler et oser écrire.
J'apprécie également sa façon de présenter son récit : les circonstances ayant menées à ce drame sont écrites en italique, tandis que les souvenirs parfois intimes de l'auteur sur sa vie, son entourage, son portrait de la ville, sont imprimés "normalement". De plus, il n'hésite pas à aligner les mots, les adjectifs, à faire des redites de certaines phrases afin d'en souligner l'importance et/ou l'intensité.
Bref, il ne me reste plus qu'à continuer à aller à la découverte des oeuvres de cet auteur.