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Adyghee Le salon littéraire de l'ivresse des mots
Adyghee Le salon littéraire de l'ivresse des mots

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Verlaine

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22 mai 2016

Nous irons ensemble - François-Xavier DAVID

1461139_10201711529403776_1001120385_nQuatrième de couverture :

 "Tu es venu, sans me prévenir, c'est drôle comme il m'est plus facile de t'écrire, alors que, lorsque tu es là, près de moi, je suis incapable de te parler. [...] Je n'ai jamais descendu des escaliers aussi vite, je n'ai même pas fait attention à la façon dont j'étais vêtu, alors que ma belle-soeur était au dehors; juste un caleçon court de coton blanc et un polo de la même couleur, même si octobre a déjà presque fini son parcours, il ne fait pas si froid! Et tes bras m'ont tenu chaud, tout de suite, j'étais bien."

Editions : Sté des Ecrivains : ISBN Numérique : 9782342016109 - Prix livre papier broché ; 25,95 euros, 518 pages - Prix ebook 12,99 euros.


 
Critique journalistique

Un roman épistolaire très riche, couvrant une période de l'histoire prolifique en événements historiques. Cet aspect, auquel il faut ajouter la sexualité et l'identité des deux protagonistes, donne tout son intérêt au récit. Le choix, surprenant au début, du format de la correspondance, permet ici l'expression directe des sentiments et de l'émotion, qui affleure alors de façon presque palpable à chaque page. Au final, "Nous irons ensemble" déborde d'un humanisme héroïque, et on se laisse très vite prendre par l'émouvante histoire de ces deux jeunes hommes.
 
Mon avis : Volodia

C’est avec bien du retard que je me décide à mettre mon ressenti sur ce livre qui pour cet auteur est le premier et qui en attend des retours avec anxiété.

Au premier abord, je me suis demandé si j’aurais le courage de l’ouvrir et surtout de le lire en entier compte tenu du pavé : + de 500 pages quand même, doublé de la crainte d’avoir à lire un livre, dont on ne dit rien, non qu'il soit mauvais, mais plus simplement médiocre et sans intérêt. De plus, une fois lu, je me suis posé la question de savoir comment mettre mes impressions de façon honnête. Sans me laisser influencer par ma sympathie, mon amitié (même virtuelle) vis-à-vis de l’auteur. Sans l’encenser, ni pour autant livrer son livre aux gémonies s’il ne m’a pas plus. Le peiner, le froisser, voire le blesser par un avis (et non, je le précise une critique, car qui suis-je, moi ? pour juger du travail intellectuel et imaginatif d’un auteur), marquant une éventuelle déception. Rendre compte sincèrement d’un premier travail d’écrivain pour lequel il a « planché dur ».

Comment rendre compte d’un livre sans en dévoiler, même partiellement le contenu ? Désolé mais je me sens obligé d’en passer par là. Ce roman, s’étend sur une période allant de la première guerre mondiale à un peu plus loin que la fin de la seconde guerre mondiale.

François-Xavier David nous conte en premier lieu, l’histoire de deux hommes : L’un juif d’origine allemande : Lior, l’autre français et catholique : Julien. Ils se rencontrent sur un champ de bataille pendant la 1ère guerre mondiale. Lior combattant dans l’armée française est blessé et Julien séminariste est infirmier. Un attachement se crée sans que Lior dévoile le sentiment plus profond qu’il ressent pour Julien. A la fin de la guerre nos deux héros qui ont tissé des liens d’une sympathie assez poussée restent en contact et c’est tout « naturellement » que celle-ci se transforme en amitié, puis en amour. Donc ce livre mérite d’être placé dans le rayon  sentimental « gay ».  Bien que ce ne soit pas que cela.

Dès ces premières pages j’ai un peu tiqué. En effet, s’il  est tout à fait concevable qu’un juif et un séminariste se retrouvent sur le  champs de bataille, il l’est un peu moins quant à leur amitié. En effet, compte tenu de l’époque et de l’éducation de l’un comme de l’autre (les juifs étant élevés dans la méfiance des goys et les séminaristes dans celle des juifs; N’oublions pas qu’à l’époque on enseignait que les juifs avaient tué le Christ, et donc se justifiait la notion de peuple traite et honni). De plus, au début du siècle flottait encore dans l’air des relents d’antisémitisme non seulement de principe mais dus également à l’affaire Dreyfus (1894 – 1906) même si celui-ci avait été innocenté.

Par ailleurs, il m’a été assez difficile de dissocier la façon de parler de Lior et de Julien tant leurs expressions paraissaient semblables. Dans les premières pages, c’est surtout Lior qui parle et ce qu’il dit, je l’aurais plutôt mis dans la bouche de Julien. Mais bon …L’idée de nous présenter l’histoire et ses protagonistes par des échanges de lettres, adressées aux uns et aux autres est originale et permet une lecture aérée, et plus qu’agréable du récit tout en séparant distinctement les évènements.

Au fil des pages nous faisons connaissances avec les familles respectives, et les amis de ces jeunes gens, qui là, se montrent plus que tolérantes envers une amitié qui les faisaient qualifier à l’époque et par la Société d’infâmes. Ce qui en 1929 me paraît hautement improbable surtout dans les milieux ou ils ont grandi. Déjà qu’à notre époque mariage mixte, plus homosexualité ça pose problème alors à l’époque, je n’ose l’imaginer.

Toujours est-il que c’est la vie de ces deux hommes entre les deux guerres et à travers eux, celle de leur famille qui nous est contée avec beaucoup de péripéties, d’évènements heureux mais le plus souvent malheureux (hum peut être un peu trop de mélo qui font douter, que dans une vie même très dense, une telle sucession d’évènements funestes soient possibles), mais avec beaucoup de sensibilité, de profondeur de sentiments : qu’ils soient amoureux ou simplement de tendresse, de gentillesse envers les uns comme avec les autres. De prise en compte de l’opinion et du ressenti d’autrui parfaitement évoqués, dans une écriture déliée, magnifique de simplicité, mais oh combien, riche en émotions.

Alors bien sûr il y a de petites erreurs, la rue Cambon se trouve dans le 1er arrondissement et ne fait absolument pas le prolongement de la rue du Bac qui elle, se situe dans le 7ème arrondissement de Paris. Mais l’auteur qui n’est pas Parisien est tout à fait excusable.

En 1923 il n’existait pas à Paris d’école, et encore moins de cours du soir gratuits pour les étrangers qui souhaitaient apprendre le français, surtout pour les juifs qui même si cela avait existé, arrivaient chassés de l’Est par les pogroms avec femme et enfants et dont les préoccupations premières étaient surtout trouver de quoi se loger et du travail pour se nourrir. Difficile également pour eux de posséder un magasin de tissu rue du bac qui déjà à cette époque était une rue résidentielle en plein quartier goy et catholique.

D’autres improbabilités également : En 1941, Lior écrit à sa sœur en lui racontant qu’un de ses amis est « résistant « . Allant même jusqu’à lui donner le nom du réseau. Déjà l’acheminement du courrier par la poste était aléatoire, celui-ci pouvant être ouvert par n’importe qui, autorité ou erreur de destinataire,  Il était plus que très dangereux et non recommandé de se confier ainsi. D’autant plus mentionner, le nom d’un réseau de résistance,  c’est une hérésie qui frise l’inconscience d’autant que les noms des fameux réseaux n’étaient connus que des participants et encore pas de tous, certains ne connaissaient que leur proche contact.

Pour Yaâquov le cousin de Lior, arrivé en France. Impossible de tenir un commerce pendant la guerre et même de circuler. Les juifs étrangers et d’autant plus allemand ont été internés dans des camps  d’apatrides d’abord en 1940 puis de concentration en 1941.

Par ailleurs, Jurguën tombé amoureux d’un juif allemand, engagé dans la gestapo, pour combattre le régime nazi de l’intérieur et sauver des personnes. Hum, difficile à croire, quand on sait que la quasi-totalité du peuple allemand était pour Hitler qui les avait sorti de la crise économique de 1922, en offrant du travail à ceux qui s’inscrivaient au parti, un logement et diverses aides sociales. Que les juifs étaient mis au ban de la société allemande depuis 1933 et que pour entrer dans la Gestapo qui était la police secrète allemande, il fallait déjà avoir fait ses preuves et montrer fidélité au régime.

Sur la situation des déportés au triangle rose, l’auteur s’est plus servi de ce qui se dit au niveau lgbt,  sans faire à mon sens un véritable travail de recherches personnelles. De plus lorsqu’une personne s’évadait d’un camp, après la torture utilisée pour faire avouer les complices, la mort par exécution publique s’ensuivait automatiquement. De même les grandes marches lors de la « l’évacuation des camps », personne n’était abandonné en arrière. Une balle dans la nuque réglait son compte au malheureux afin de ne pas laisser de témoin. Car l’objectif de ses marches de la mort était de ne pas laisser de trace, ne pas laisser de témoins des atrocités commises afin qu’on ne puisse rien reprocher au peuple allemand.

J’ai bien d’autres digressions  à formuler mais le but n’est pas là, rétablir des vérités dans ce livre qui se présente comme un roman est tout aussi déplacées que les incongruités qu’il soulève. Car oui, l’auteur le précise c’est un roman, même s’il n’est pas vraiment classable dans cette catégorie puisqu’on y trouve de l’amour, des rebondissements presque à suspens, des faits historiques rigoureusement exacts pour certains et d’autres qui le sont moins, de l’inceste et de la folie. Ce livre est passionnant, riche culturellement mais également dans sa vision d’autrui, d’espoir et de confiance en l’humain. La fin m’a fait penser à un film qui s’intitulait les eaux mêlées, tiré du livre de Roger Ikor… !

Ce livre est classé lgbt, mais peut être lu par tout un chacun, tellement ce livre est beau et bien écrit .il s’en dégage beaucoup de sensibilité, de délicatesse, loin de toutes allusions et descriptions scabreuses qui malheureusement alimentent la plupart des livres de cette catégorie. Je me suis plongé dans ce livre et n’ai pu relever mon nez qu’une fois achevé. Je souhaite à François Xavier une belle carrière d’écrivain, même si elle est difficile à mener.

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4 mai 2016

Onysos le Furieux - suivi du Tigre bleu de l'Euphrate - Laurent Gaudé

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Quatrième de couverture :

Assis sur un quai de métro New Yorkais, un vieillard entame le récit de sa vie : de sa naissance dans les monts Zagros à la prise de Babylone, de sa fuite en Egypte à son arrivée dans la cité d’Illion, son existence fut une succession de pleurs et de cris de jouissance, d’orgies et d’incendies. Mi-homme, mi-dieu, Onysos se rappelle, le temps d’une nuit, à la mémoire des hommes. 

Alexandre va mourir. Après avoir vaincu le grand Darius, après avoir construit des villes et fondé un immense empire, le voici terrassé par la fièvre. Sans peur, il contemple la mort et l’invite à entendre ce que fut son épopée, aiguillonnée par son désir de ne jamais interrompre sa course vers l’inconnu, de rester fidèle à cette soif intérieure que rien ne peut étancher. 

Ces deux textes au croisement du récit, du monologue théâtral et du poème signent l’attachement de Laurent Gaudé à l’épopée antique – qu’elle soit mythologique ou historique – en composant deux figures de héros magnifiques confrontés à la fin, à la perte, au temps. 

Editions : Babes – ISBN :9 782330 039417 – Poche : 139 pages – Prix : 6,80 €

 

Mon avis : Volodia 

Il s’agit en réalité de pièces de théâtre, mais s’agissant de longs monologues, cela ne m’a guère gêné dans ma lecture, d’autant qu’ils sont merveilleusement bien écrits et empreints

d’une grande poésie. Bref, j’adore !

Onysos le Furieux :  

Vieux, le visage sale, maigre et crasseux, Onysos installé sur le quai d’un métro de New York s’adresse à celui qui l’observe. Dans un long monologue, aux allures épiques, il va remonter le fil du temps, traverser les millénaires, et retrouver la ville de Tepe Saras là où tout a  commencé. Il va évoquer sa vie pleine de fureur et de violences, mais également de douceur. Au fur et à mesure de l’avancée de son récit, dès qu’une oreille attentive l’écoute, les rides de son visage s’estompent, son torse et ses membres retrouvent leur vigueur. 

Engendré par le maître des Dieux, et à peine sorti du ventre de sa mère Ino, le nouveau-né est massacré et démenbré par un groupe d’hommes qui ont ensuite dévoré sa chair. Ayant oublié de se repaître de son cœur, Yonisos renaît prêt à se venger.  Désormais, il détruira tout sur son passage. 

New York représente la nouvelle Babylone avec ses murs de métro détrempés, ses affiches déchirées et ses détritus jonchant le sol. Dans ce récit à double sens, on retrouve par instants l’homme d’aujourd’hui et celui d’hier, toujours paria et dieu des laissés pour compte, mais qui saurait aujourd’hui encore, faire trembler le monde.

 

Le Tigre de l’Euphrate : 

Monologue évoquant les derniers instants d’un conquérant qui a soumis une grande partie du monde connu, à 27 ans pour mourir à 33. 

Alexandre voit défiler sa vie, ses conquêtes, son rêve de grandeur. Il interpelle la mort qui l’écoute revivre une dernière fois l’ivresse de ses épopées, et évoquer, ses choix, ses regrets.  

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A propos de l’auteur 

Romancier, dramaturge né en 1972, Laurent Gaudé a reçu en 2004 le prix Goncourt pour son roman « Le Soleil des Scorta ». Son œuvre traduite dans le monde entier, est publiée par Actes – Sud. 

2 mai 2016

Héloïse, ouille ! - Jean Teulé

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Quatrième de couverture : 

Ile de la Cité, 1118. Théologien et dialecticien acclamé, Abéléard était promis, aux dires de tous, aux honneurs de Rome. Chargé par le chanoine Fulbert de veiller à l’éducation de sa nièce, la moins candide qu’il n’y paraît Héloïse, le sae professeur prendra ses devoirs plus qu’à cœur – à corps, et à cris. Au programme : foin de grammaire ni de latin ! Rien de moins que l’amour, l’amour fol, absolu. Hors pair (e). 

 

Editions : Pocket – ISBN : 9 782266 263146 – Poche : 309 pages – Prix : 6,95 euros.

 

Mon avis : Volodia 

Hum, beaucoup de surprises en lisant ce nouveau de roman de Jean Teulé, quoi que le titre à lui seul aurait dû suffire à attiser ma curiosité et me mettre sur la voie. 

Voilà la magnifique histoire d’amour d’Abelard et Héloïse transformée sous la plume de l’auteur en roman pornographique avec  : Abelard, en vieux bouc pervers, et sa scolare Héloïse, en hypocrite et à la fois innocente rouée. 

J’ai toujours apprécié le style de l’auteur de faire revivre en racontant de façon plaisante et ludique, les grandes histoires du Moyen Age. Aussi dois-je avouer qu’en lisant ce récit j’en suis resté pantois et un peu perplexe, déçu serait un mot trop fort. Raconté et illustré au propre (le livre comporte des eaux fortes assez  licencieuses) comme au figuré de façon rabelaisienne. 

Toutefois, l’humour sauve « les meubles » et qui d’autre mieux que Jean Teulé aurait pu nous bailler ce récit avec une telle verve, transformant celui-ci en Comédia-Del-Arte.

14 avril 2016

Les dépossédés - Steve Sem-Sandberg

Les dépossédésCréé en 1940 le ghetto de la ville de Lodz, le plus grand de Pologne, survécut jusqu'en 1944 alors que les nazis avaient prévu d'en exterminer la population en moins d'un an.

Ce sursis est dû à la personnalité d'un seul homme Mordechaïm Rumkowski, Président du Conseil Juif. Convaincu que si les juifs se rendaient indispensables à l'effort de guerre allemand, ils seraient ainsi épargnés.

Rukowski transforma le ghetto en une cité ouvrière hyper-productive. Pris au piège de sa logique, il sacrifia les inadaptés, et les indésirables (malades, veillards, enfants). Il se mua ainsi, consciemment ou non, en un très efficace rouage de la machine d'extermination nazie. 

Pour  écrire ce roman, l'auteur s'est inspiré des archives du ghetto de Lodz. Y étaient collectés quantité de faits officiels mais aussi d'informations interdites cachées par les résistants (jounaux intimes, tracts, bulletins de guerre alliés, cartes militaires.

Editions : Robert Laffont pour "Pavillons" - ISBN : 9 78 2221 1160 12 - Broché - Prix : 22 euros.

 

Mon avis : Volodia

J'ai trouvé ce livre non seulement très intéressant mais également très bien documenté. Nous avons toutes les pièces nous permettant de situer et de comprendre les rouages de fonctionnement des ghettos (je dis des, car celui de Lodz fut le précurseur de ce qui allait se passer dans tous les autres).

Malgré tout, je vais me faire l'avocat du diable. En cause dans ce livre, l'attitude semble-t-il arrogante et suffisante de Chaïm Rukowski et de son extrême "servilité" vis à vis des Allemands. La tenue de discours particulièrement insupportables demandant aux parents de livrer leurs enfants, et leurs vieillards considérés comme improductifs. Ainsi que bien d'autres faits qui lui sont reprochés.

Au jour d'aujourd'hui et avec ce que nous savons eu égard à ce qui se passait dans les camps, il est facile de s'ériger en juge. Mais en 1942, si beaucoup connaissaient l'existence des camps (juifs et non juifs j'insiste, des cartes postales circulaient en Europe occupée et les soldats parlaient à leur retour chez eux), seul un petit nombre savait ce qui s'y passait réellement. Par ailleurs, même si Rukowski était tout puissant, il lui fallait l'accord du Conseil Juif pour prendre toutes ses décisions et le Judenrat avait voté avec le personnel médical du ghetto à 90 % l'abandon des enfants et des vieillards improductifs dans le but, illusoire on le sait maintenant, de sauver le plus de juifs restants.

Compte tenu de la famine, de la maladie, des brimades et des tortures journalières qui régnaient dans le ghetto, qu'est-ce qui était le plus dur pour des familles ? voir leurs proches mourir à petits feux ou une mort directe ? Aucune solution n'est acceptable, mais la seconde pourrait paraître plus supportable. On peut toujours penser que la guerre prendra fin bientôt, mais  quand le bientôt dure trop longtemps...

Il faut également ne pas oublier que toutes ces populations juives venaient de milieu très divers et que la majorité d'entre-elles qui venaient du prolétariat étaient extrémement pauvres et déjà épuisées du fait des discriminations naturelles envers les juifs (déjà en 1930)  bien avant l'anchluss, puis leur pauvreté fût pendant et après par lui en 1938 lorsqu'elles furent réduites à la misère sociale organisée (saisie de leurs outils de travail, interdiction de vendre à des non juifs quelques marchandises que ce soit, etc...) jusqu'à l'enfermement dans des ghettos où là encore, elles eurent à subir des vols, de l'exploitation etc...C'est cette population exangue que Rukowski s'est efforcée de sauver, et peu importe les moyens employés dussent-ils être insurportables et intolérables et dût-il s'avilir aux yeux des allemands comme de son peuple.

Je ne justifie pas sa mégalomanie, ni sa pédophilie avérée, ni ses autres monstrueux défauts. J'essaye de réfléchir et faire la part des choses. Il semble établi que sous la direction de Rukowski la distribution de vivres se soit faite équitablement à tous. Que des activités éducatives et culturelles se soient développées clandestinement, mais qu'également et même si cela paraît dur, les méthodes appliquées aient assurées la survie du ghetto jusqu'en 1944. 

On oublie également que le Judenrat, la police du ghetto (dont les membres étaient des juifs convertis à la chrétienté) et les chefs d'ateliers étaient eux-même en sursis et qu'à l'intérieur du ghetto chacun essayait de sauver sa peau comme il le pouvait. J'ai bien conscience que cela n'excuse pas tout, mais quand même, si un membre d'une famille avait une place dans l'administration du ghetto, il était compréhensible qu'il en fasse profiter les autres, ou des proches ou des amis. Dans ces cas là, l'homme reste un homme chacun pour soi et Dieu pour tous. Il n'y a plus de peuple élu, seulement des malheureux et des miséreux qui ne savent à qui se vouer. De plus, est-il préférable de voir les membres de sa famille agoniser par la faim, la maladie, la torture, plutôt qu'une mort que l'on savait rapide ???

 

Rukomski propos de l'auteur :

Steve Sem-Sandberg est né en 1958 et vit entre Stockholm et Vienne. Romancier, il est également critique littéraire pour le quotidien suédois Dagens Ny-bakker.

En 2009, il a été récompensé par le Grand Prix De Nios pour une "oeuvre littéraire remarquable, caractérisée par sa dimensiion intellectuelle, sa précision historique et sa profondeur psychologique".

 

6 mars 2016

Récits de Kolyma - Varlam Chalamov

011Varlam Chalamov est, avec Soljénitsyne, le plus grand écrivain russe des camps staliniens. Il y a passé ving-deux ans. Dans d'autres circonstances, il eût été, tout simplement, l'un des plus grands écrivains russes...

Il est né en 1907. Arrêté pour la première fois en 1929, étudiant à l'université de Moscou, il est condamné à cinq ans de camp. Après avoir purgé sa peine, il est de nouveau condamné à cinq ans et envoyé, au début de 1937, dans les camps de Kolyma. Sa peine est prolongée à plusieurs reprises et, il n'en sortira qu'en 1953, année de la mort de Staline. Abandonné par sa famille, il sombre dans la solitude pour finir, malade, dans un asile de vieillards. Transféré brutalement dans un hôpital psychiatrique de Moscou à la fin de 1981, il y meurt quelques jours plus tard.

 

Mon avis : Volodia

Les Récits de Kolyma constituent le témoignage le plus bouleversant écrit sur la vie dans les camps soviétiques. 

Chalamov est aux antipodes de toute la littérature qui existe sur les camps. Il est aussi impitoyable à l'égard du lecteur, semble-t-il, que la vie l'a été à son égard et à celui des gens qu'il décrit. Et que Kolyma. D'où un sentiment d'authenticité, d'adéquation du texte au sujet. En cela réside la supériorité particulière de Chalamov par rapport aux autres écrivains. Il écrit comme s'il était mort.

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5 février 2016

Un hiver à Paris - Jean-Philippe Blondel

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Quatrième de couverture : 

C’est l’heure des retours de vacances. Dans le courrier en souffrance, une lettre attend Victor, professeur d’anglais depuis vingt ans. Ce qu’elle contient va raviver un souvenir enfoui. 

Septembre 1984. Victor est à Paris pour sa deuxième année de prépa. Il travaille beaucoup, à peu voire pas d’amis, la compétition est de toute façon cruelle. Un jour de cours comme un autre, dans la classe d’en face on entend une insulte, une porte qui claque, quelques secondes de silence, un bruit mat, le hurlement de la bibliothécaire. Matthieu a sauté. La pression, le sentiment de transparence, la solitude ? Qu’importe. Rien ne sera plus jamais comme avant… 

Editions : POCKET – ISBN : 9 782266 261609 – Poche 188 pages – 6,20 euros. 

Mon avis : Volodia 

Dans ce livre, l’auteur nous dévoile avec lucidité, et une certaine acidité, l’intérieur de ces lycées d’excellence avec ses classes préparatoires, destinées à former l’élite de notre Société. Mais où règne une compétitivité féroce, ou les élèves sont déshumanisés, transformés en bêtes de concours, par des professeurs tyranniques, souvent méprisants et imbus d’eux-mêmes. Y cohabitent deux mondes bien distincts, celui des élèves issus de milieu modeste qui en faisant des études espère s’extraire de  leur classe sociale et fréquenter des lieux qu’ils pensaient inatteignables, et l’autre, celui des privilégiés qui font hypokhâgne parce que cela s’inscrit dans le parcours de la lignée familiale. Ceux-là au contraire des autres possèdent les codes sociaux et culturels pour se faire accepter et malgré une rivalité impitoyable, arrivent à se faire des relations, des amis. 

Victor quant à lui en est loin. Jeune provincial de 19 ans, il passe sa première année en solitaire. Transparent. Personne ne lui parle, ne serais ce que pour le saluer. Ses professeurs le jugent de la race des « tâcherons » et pensent que, peut-être, malgré le peu de places disponibles, il arrivera « éventuellement » à passer en khâgne. Ce qu’il fait à la grande surprise du meilleur élève de la classe Paul Rialto, qui semble survoler de sa supériorité intellectuelle tous les élèves, avec sa petite cour buvant ses paroles et quêtant ses avis, et qui finit par lui faire un signe de tête en guise de bonjour. 

Peu de temps après le déjeuner, Victor avait pris l’habitude de fumer une cigarette avec Mathieu élève de la classe d’en face qui lui aussi trouvait le déracinement et l’intégration en classe d’hypokhâgne difficile, d’autant qu’il s’était cru brillant et découvrait depuis la rentrée que ses capacités intellectuelles et culturelles étaient loin d’être au niveau. Ses amis lui manquaient, il se sentait seul. 

Victor pensait s’en faire un ami, il formerait un duo qui attireraient tous ceux qui dans ce monde fermé se sentaient rejetés, faisant ainsi envie aux « autres » qui les suivraient subjugués. Il souhaitait mettre à profit son anniversaire pour l’inviter au restaurant. Mais à peine cette idée s’étant formée, le drame est survenu. Matthieu après une dernière insulte envers qui ?? Clauzet professeur particulièrement odieux ? - On ne le saura jamais - une porte est claquée, et Matthieu s’est jeté par la fenêtre provoquant des remous, une onde de choc, dans l’établissement. 

Victor fut un des premiers « en bas » et comme il avait été vu avec Matthieu, son quotidien changea. Il devint intéressant. Il avait été « l’ami » de Matthieu. Tout d’un coup, il existait. On lui proposait de venir boire un verre avec les autres, on l’invitait à des soirées. Il avait bien pensé détromper ces condisciples sur son degré d’amitié avec Matthieu, mais y avait renoncé, par confort, pour ne plus être seul. 

Puis il rencontra le Patrick, le père de Matthieu qui souhaitait en apprendre plus sur son fils à travers lui, ses rencontres se firent tous les soirs, en secret, dans un café près du lycée puis à la périphérie de l’arrondissement. D’étranges liens se tissent…Les êtres se croisent, s’accrochent les uns aux autres pour ne pas sombrer, pour donner un sens à leur existence. Des amitiés se nouent et se dénouent plus par nécessité que par affinité. Certains se trouvent, d’autres s’égarent. 

J’ai bien aimé ce livre, tout en délicatesse, en sensations, en mélancolie !

 

26 avril 2015

Nous, les chats - Claude Habib

 

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Quatrième de couverture :

Ce livre est l'autobiographie d'un chat.  C'est aussi un passeport pour entrer dans l'âme féline, au risque de perdre quelques illusions. Il ne faut pas croire que tous les chats nous aiment. Ce n'est pas le cas.

L'animal qui parle est furieux. Persuadé qu'il va mourir, il est fâché contre le monde. C'est un effet de sa nature : le propre de l'espèce est la félicité, felix felis. Le malheur d'un chat est une injustice, et le malheur crie vengeance.

Sa vie repasse en accéléré. Il a connu des hauts et des bas. Il se reporte à sa jeunesse, au bonheur de sentir, à la vie dans les bois. Et toujours la rancune se mêle au souvenir des joies, la rage à la réflexion.

L'obsession de ce chat, c'est l'homme : souvent son ennemi, parfois sa dupe, jamais son maître. A cet usurpateur, il pose des questions de fond :

. Qui doit dominer, de l'homme ou du chat ?

. Au nom de quoi subir les lois des hommes ?

. Qui est le domestique de qui ?

On dit du chien qu'il est le meilleur ami de l'homme. Le héros de Claude Habib lui abandonne ce privilège sans façon.

 

Editions : de Falllois/Paris - ISBN : 978 2 87706 887 1 - Broché 124 pages - Prix : 15€

 

Mon avis : Indiangay

Dans ce livre, l'auteure fait parler un chat. Un chat qui ne sera pas spectateur  ou faire valoir de la vie de ses maîtres, mais un chat qui va nous parler de lui, de sa naissance, sa famille, ses rencontres, ses amours. Sa haine des hommes justifiée par la méfiance et la peur. Son dégoût pour la servilité des chiens et son mépris pour les chats "semi-apprivoisés" (entendez par là ceux qui ont partagé la vie des humains, les chats des villes).

Lui est un chat sauvage, un chat qui vit en forêt, à la périphérie d'une zone industrielle portuaire. Elevé par une mère aimante, attentionnée et pleine de sagesse. Entre un frère fourbe et une soeur espiègle, pleine de fantaisie et fofolle qui sera enlevée la nuit, au sortir du trou, par un "pigeon avec des ailes gigantesques".

Ce chat qui pense qu'il va mourir, nous conte sa vie, nous confie ses pensées même les plus secrètes, tout en nous assénant quelques vérités au passage, non pas dans un langage élégant, car c'est un chat fruste, mais plutôt dans le ton d'un cookney.

J'ai beaucoup aimé ce livre qui devrait ravir les inconditionnels amoureux des chats. Alors bien sûr, il y a des passages fort tristes, car la vie d'un chat sauvage est loin d'être un long fleuve tranquille. Il n'empêche que c'est un livre délicieux. Un livre qui dégage beaucoup d'émotions de chat ou humaines ?

 

 

CLAUDE HABIB

A propos de l'auteur :

Claude Habib est née en 1956, agrégée de lettres modernes, docteur es lettres, elle est professeur à l'Université de la Sorbonne nouvelle, département littérature et linguistique françaises et latines. Maître de conférence à l'Université de Lille III. Elle est également membre du comité de rédaction de la revue Esprit.

Elle a publié Le consentement amoureux; Rousseau, les femmes et la cité, Rousseau aux Charmettes et le goût de la vie commune.

Elle est aussi l'auteure de deux romans : Préfère l'Impair, Un sauveur.

3 septembre 2014

Quand les lumières s'éteignent - Erika Mann

9782253169314-TQuatrième de couverture :

Dans ce document d'époque, unique en son genre, Erika Mann observe le destin des habitants d'une petite ville allemande, de l'arrivée au pouvoir de Hitler  la toute puissance du régime nazi.

En dix nouvelles entrelacées, toutes basées sur les faits réels, se dresse le tableau d'un société confrontée à la terreur, à la dénonciation et à l'antisémitisme.

Editions : Le Livre de Poche - ISBN : 9 78 2253 169314 - Poche : 357 pages - Prix : 6,60 €

 Mon avis : Volodia

Au travers de ce livre Erika Mann nous montre comment s'installe un régime totalitaire. Comment se distille et se répand le poison auprès des masses.

Il semble que toutes les couches de la Société aient été touchées, en premier : tout ce et ceux qui porte (nt) atteinte au nouveau régime, puis viennent les commerçant, les artisans, jugés improductifs et que l'on reconvertira de force en ouvriers d'usine ou agricole. Les paysans qui devront donner  quasiment toutes leurs productions au nouveau Ministère créé (encore un nouveau) celui de l'Alimentation, avant de voir leur ferme saisie pour être transformée en terrain de manoeuvre et/ou camps de concentration et qui n'auront d'autres ressources pour ne pas mourir de faim que de s'expatrier en ville. Les citadins mis dans l'obligation, par l'Agence Locale pour l'Emploi (et oui déjà...) d'accepter des postes extrémement mal rémunérés, dans des familles pauvres, mais faisant "honneur" au Parti avec leur moyenne de 4 enfants à charge. Et enfin, les membres du Parti eux-mêmes, ceux de la première heure, opposants plus ou moins passifs mais lucides qu'on destituera voire, emprisonnera sous des prétextes futiles et/ou fallacieux.

Et enfin pour tous ceux qui voudront et/ou devront s'expatrier, que ce soit volontairement ou contraints et forcés, ils  se devront non seulement de laisser tous leurs biens à la Nation Allemande, mais également payer d'énormes taxes (en fait des rançons extorquées sous forme de divers chantages) avant de pouvoir obtenir les "fameux tampons" permettant de quitter le pays.

Erika Mann nous livre ceci par l'intermédiaire de lettres émises par des Allemands qui ont eu à faire aux différents organismes mis en place par l'Ordre Nouveau. Elles mettent en lumière les différentes obligations que la population a dû affronter pour "rentrer dans le moule" désiré par le Mouvement Nazi :  Une course effrenée, avec obligation d'effectuer des exercices d'entraînement de défense civile pour tous, la nuit, le jour, le dimanche et ce malgré l'âge, la maladie avec pour seul objectif : la guerre, l'agrandissement de l'espace vital de la nation allemande, la revanche à prendre sur les britanniques et les français qui ont imposé d'énormes indemnités en réparation aux dommages de la guerre de 1914-1918 et ont précipité l'Allemagne dans une crise économique dont on doit sortir impérativement.

Ce livre met en lumière  le mécanisme d'adhésion à plus ou moins long terme d'une population exsangue par la crise économique qui perdure depuis 1922.  Le fait d'adhérer au Parti, permet d'avoir un travail, un logement, une baisse du prix de la lumière et du chauffage, un prêt si l'on veut se marier, etc... Grâce à l'Ordre Nouveau le chômage a été réduit, passant en quatre ans de 6 millions à 1 million, diverses aides sociales ont vu le jour, repas chaud subventionnés, etc... Comment le peuple n'aurait-il pas pu accepter ? Alors bien sûr, beaucoup ont profité de l'Ordre Nouveau, par lâcheté, par peur et par opportunisme.

Je n'ai pu m'empêcher de repenser au livre " 14 rue Adolph Hitler Strass" qui lui bien que ce soit un roman qui raconte la vie et le destin des habitants d'une rue de la Ruhr montrait fort bien ces mécanismes de dépersonnalisation. Evidemment le Livre d'Erika Mann est plus intéressant dans la mesure ou il relate les faits réels, qu'elle a pu constater dans une certaine mesure bien que déjà réfugiée en Suisse.

3 août 2014

Monsieur Proust - Céleste Albaret

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Quatrième de couverture :

Céleste Albaret fut la gouvernante et la seule confidente de Marcel Proust pendant les huit dernières années de son existence, durant lesquelles il acheva l’écriture de son chef-d’œuvre – elle est d’ailleurs une des clefs du personnage de Françoise dans « La Recherche ».

Jour après jour, elle assista dans sa vie, son travail et son long martyre, ce grand malade génial qui se tua volontairement à la tâche. Après la mort de Proust en 1922, elle a longtemps refusé de livrer ses souvenirs. Puis, à quatre-vingt-deux ans, elle a décidé de rendre ce dernier devoir à celui qui lui disait « ce sont vos belles petites mains qui me fermeront les yeux »…

 

Editions : Robert Laffont – ISBN : 9 782221 141441 – Poche : 450 page – Prix : 10,90 €.

 

Mon avis : Volodia 

Céleste Albaret qui fut la femme de confiance et confidente de Marcel Proust décide par l’intermédiaire de ce livre de remettre les pendules à l’heure. Car pour en dire des choses sur Mr Marcel, on en a dit et souvent inventées. 

Témoin privilégié et discret de l’intimité de son maître, elle l’aimait sans arrière pensée, d’un amour inconditionnel.  Tyrannique, despotique, il lui arrivait d’appeler à toute heure du jour et/ou de la nuit pour qu’elle aille lui porter un pli, lui acheter tel ou tel produit chez tel fournisseur et  pas un autre, à l’heure ou bien évidemment les magasins sont fermés. Reste qu'il était d'une grande gentillesse et d'une grande bonté.

Ne supportant ni le bruit, ni la lumière, il vit (elle aussi par la même occasion) reclus dans un appartement dont les rideaux sont constamment fermés, et particulièrement dans sa chambre tapissée de liège pour insonoriser les bruits provenant du dehors, embrumée par les fumigations.  

Asthmatique véritable et non malade imaginaire comme certains ont aimé à le penser. Ne supportant pas les fleurs, le parfum, les plumes d’oreillers, et tout ce qui pouvait être nocif pour ses bronches, il vivait dans la terreur quotidienne du moindre microbe.  

On l’a dit snob, mais à la lecture de ces souvenirs on constate que s’il allait dans « le monde » c’était non seulement pour s’imprégner d’une époque qui disparaissait, mais également pour mieux observer les personnages qui l’entourait afin d’en décrire avec un sens aigu les traits de caractères, voire s’en gausser un peu. Quant à sa sensibilité exacerbée  n'est-elle pas le propre des grands écrivains ?

Alors bien sûr à la lecture de ce livre, on ne trouvera rien qui puisse porter ombrage au Dieu Marcel dont Céleste Albaret a dressé un autel à sa dévotion. Reste que ce livre, même s’il est partial, reste un témoignage de grande valeur, à mon sens, puisque qu'il est fait des souvenirs d’une personne qui a partagé l’intimité la plus grande avec l’écrivain, et qui l’a aimé d’un amour dévoué et totalement désintéressé. 

29 juillet 2014

Nestor rend les armes - Clara Dupont-Monod

9782253166566

Quatrième de couverture :

Nestor est argentin. Arrivé en France pendant la dictature, il y a retrouvé Mélina, une compatriote qu’il a épousée. La vie était douce avec elle, jusqu’au  drame qui les a séparés.

Depuis, solitaire, épuisé par la vie, en colère, Nestor s’est laissé enfermer dans la rassurante forteresse de sa propre chair et est devenu obèse. 

Alice, médecin dans l’hôpital où Nestor se rend tous les jours, parviendra peut-être, à force de patience et de tendresse, à conjuguer sa solitude à celle de ce patient peut ordinaire. 

L’écrivain se garde de conclure : trois issues s’offrent au lecteur, comme s’il était impossible qu’une histoire aussi improbable et bouleversante finisse mal. 

Editions : Le livre de poche - ISBN :  978 2 253 16656 6 - Poche 123 pages - Prix : 5,60 euros

 

Mon avis : Volodia

Dans ce livre  Clara Dupont-Monod dresse le portrait de Nestor, un homme en marge de la Société. Un homme d'excès, un homme qui n'a pas peur des outrances, prêt à vivre avec un corps et une mémoire démesurés. Il mange trop, crie en dormant, ne passe pas les portes, rencontre les plus grandes difficultés à marcher et ne fait aucun effort pour se lier.

Nestor est un obèse loin d'être sympathique. Il s'est laissé aller, suite à un drame que l'auteure va nous dévoiler au fil des pages. Sa sortie journalière se résume aux aller-retour qu'il fait pour se rendre de chez lui à l'hôpital et vice versa, au chevet de femme dans le coma depuis plusieurs années suite à un accident. Auparavant, très proche de son épouse, il s'en est éloigné inexorablement depuis le drame qui les a frappé. Au point de la haîr et d'être indifférent à sa possible mort. La jeune femme médecin qui soigne son épouse, intriguée, tente de saisir le mystère  de ce gros père.

L'auteure nous fait nous interroger sur les motifs qui poussent des personnes à se laisser aller ainsi, à trouver une compensation dans la nourriture. Elle nous fait prendre conscience de la réalité du gros, de tous ses maux qui l'handicap, qu'ils soient physiques ou moraux, sur le regard peu amène que nous portons sur ces personnes hors norme, sur le jugement que parfois, sans pitié nous osons poser, sur ceux que nous trouvons monstrueux et qui souvent  nous inspirent une certaine répugnance pour ne pas parler de dégoût. 

 

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