Le ruban - Jean Feixas
Le siècle extravagant de la prostitution de rue.
De 1850 à 1950, la prostitution de la rue (le ruban en argot, c'est le trottoir) connut un période étrangement sublimée. Les filles qui, jusque-là, s'étaient faites discrètes et les proxénètes, toujours furtifs, revendiquèrent à grands cris leur état, en narguant effrontément la police.
Ils revêtirent un véritable uniforme du métier, avec des codes stricts. Ils se tatouèrent fièrement, portant en bandoulière profession de foi et casier judiciaire. Ils fréquentèrent les aquariums, des cafés et bals spécifiques, de hauts lieux où se risquaient le bourgeois admiratif et son épouse frissonnante. On leur accorda des vertus essentielles, de courage, de sens de l'honneur et même de fidélité !
Un courant qui inspira les artistes, et parmi les plus grands (peintres, poêtes et écrivains), emportant tout sens critique, charriant autant d'ordures que de pépites. Un surprenant témoignage social.
Editions : Jean-Claude Jegawsewitch. ISBN : 9 782350 132891 - 361 pages - prix : 35 euros.
Mon avis : Volodia
Cet ouvrage est étonnamment documenté avec de nombreuses illustrations et photographies d'époque. Il est d'une lecture agréable chaque page s'ouvrant sur une illustration et/ou une photo. Nous faisons connaissance avec différents types de souteneurs et de prostituées. Nous y apprenons la signification des sobriquets, y perfectionnons ou y apprenons des mots d'argot, nous familiarisons avec les codes en vigueur et nous remémorons les goualantes entendues ça et là et fredonnées par nos arrières-grands parents.
Mais par-delà une certaine "nostalgie" d'une époque révolue (du moins en partie) nous y voyons évoqué les causes réelles de la prostitution et surtout le cortège de maladies et de maux qu'elle engendre.
Jean Feixas d'origine catalane, a été avocat au barreau de Toulouse, dessinateur de presse et commissaire divisionnaire. Il est depuis toujours collectionneur d'insolite et d'insolent.